Je marchais comme à l’habitude dans mes rythmes préférés mais ce matin là, je sentais un vide en moi. J'étais inconfortable en dedans... comme si j'avais besoin d'eau ou d'air. Ce n'était pas logique car j'avais une gourde d'eau et je m'oxygénais au grand air frais de l'hiver, avec la marche afghane en plus !
Pendant que j'avançais, je me suis approchée de ce vide, je suis allée à sa rencontre et un truc s'est produit dans mon esprit : ma façon de vivre à défilé en image dans ma tête, comme un film. Je me voyais dans différentes situations de ma vie. Je voyais les peurs qui dirigeaient mes comportements. Peur de déranger, de m’affirmer, de prendre ma place, d’être moi, etc…
Puis j'ai réalisé que tout ça avait un impact sur ma respiration. J’ai réalisé que je respirais exactement comme je vivais. J'ai eu un choc énorme ! Je respirais tout petit alors que j’avais la capacité de respirer beaucoup plus et beaucoup mieux.
Sur une échelle de 1 à 10, j’étais au 3. C’était juste assez pour fonctionner. Pourtant, JE CROYAIS QUE JE RESPIRAIS BIEN ! Je n’avais pas conscience que je respirais si peu dans ma vie. Je vivais petit, je voyais petit et pire encore, je ne m’accordais pas de voir grand. Je n’y pensais même pas.
Comme si quelque chose avait décidé pour moi que je ne pouvais pas voir plus loin, plus grand. L’accomplissement, la réalisation, la réussite, le voyage, c’était pour les autres. Moi j’étais celle qui lisait les récits sans même penser qu’il était possible de construire le mien.
C’est grave, et en même temps, c’est beau.
Ce matin là, je devenais consciente d’une partie de moi qui agissait dans l’ombre et qui restreignait le champ de mon existence depuis toutes ces années. Des larmes chaudes coulaient sur mes joues d’hiver pendant que je voyais ma façon d’aborder la vie se dérouler devant moi.
Puis j’ai eu un déclic. Comme un besoin venant de mon corps. J'ai ressenti le besoin de respirer à plein poumon :
– Et si je m’accordais le droit de respirer amplement, maintenant.
– Et si je remplissais ma capacité respiratoire à 10 sur mon échelle, qu’est-ce que ça donnerait ?
Mon corps avait déjà entamé le pas avant que j’aie terminé ma réflexion. J’inhalais de grandes bouffées d’air de façon compulsive, comme pour rattraper toutes les années derrière. Je respirais de tout mon corps. J’habitais mon souffle ou il m’habitait je ne sais pas. La seule chose qui existait à ce moment là, c’était ma respiration.
Je continuais ma marche, à grand coups d'air et à un moment, j’ai commencé à sentir monter en moi des sentiments élevés comme de la confiance, de la détermination, de la certitude, de la clarté, de l’enthousiasme, de l’inspiration, de la fierté, de la joie. Ça se faisait tout seul pendant que je respirais sur chacun de mes pas. Comme un cadeau de la vie.
Je m’amusais à prendre l’attitude de ces nouveaux ressentis. Et j’aimais ça. Je me sentais une nouvelle personne. Je respirais comme jamais. C’était trop bon. Impossible de revenir en arrière. Mon choix était viscéral. Comme si c’était mon corps qui avait choisi et mon esprit avait suivi le mouvement.
Je suis rentrée chez moi le coeur plein de joie. Je savais que je venais d’ouvrir une porte de ma conscience qui allait être déterminante pour le reste de ma vie. J’avais transformé les limites posées en moi en ressources et potentiels nouveaux. Maintenant je sais que je vis comme je respire, et que je respire comme je vis.
Ce matin là, j’ai transformé ma vie. Elle s’est ouverte sur des possibilités que je n’aurais jamais imaginées. Quelques mois plus tard, j’ai fondé Marcher vers soi. Pour aider, pister et partager une nouvelle façon de marcher qui permet d’être plus conscient de soi.
Aujourd'hui, j'ai mon entreprise, je voyage, je m'affirme sans gêne, je partage, j'enseigne, je fais des vidéos, je n'ai plus peur d'être moi, je n'ai plus peur de dire qu'au final, je montre aux gens comment apprendre à s'aimer change la vie de façon naturelle, sans forcer, sans se mettre la pression et sans se prendre la tête.
C'est ça que je partage. Je montre aux gens comment le faire dans un esprit de découverte, de rencontre et d'exploration de soi qui libère un potentiel immense de réalisation et de joie.
Faisons de la marche un jeu, le corps au grand air,
les deux pieds dans la vie!
Marie Jeanne.